Le Nébouzan
Le Nébouzan est une vicomté créée en 1240 par détachement du Comminges. Elle était composée de plusieurs enclaves situées sur les départements actuels des Hautes-Pyrénées et de la Haute-Garonne.
Depuis 1232, Gaston VII de Béarn possède des terres en Comminges du fait de sa mère : Balesta, Blajan, Larroque, Lespugue, Nizan, Saint Plancard, Sarrecave et Sarremezan. Ces communautés sont détachées du comté de Comminges vers 1240 pour former la vicomté du Nébouzan.
Le Nébouzan passe par mariage à la maison de Foix-Béarn et fut l’enjeu de nombreuses rivalités entre les maisons de Comminges, d’Armagnac et de Foix-Béarn, à l’occasion des conflits de succession, notamment en 1263 et en 1302. Dès 1225, Saint Gaudens et Miramont passent à la maison de Foix-Béarn.
En 1271, la seigneurie d’Aulon est incorporée au Nébouzan. En 1345, Gaston Febus et sa mère achètent Lannemezan, Escala, Pinas, Tuzaguet, Lagrange et Luthilous à Géraud d’Aure. Ces communautés sont rattachées à la seigneurie de Cassagnabère et d’Aulon.
En 1373, le duc d’Anjou vient mettre le siège devant le château de Mauvezin. Il lui rattache Lutihous et donne le tout au comte d’Armagnac. Ce sera le début d’une nouvelle guerre entre le comte d’Armagnac et Gaston Febus. Elle se terminera par la paix de Tarbes en 1377, et Febus obtient pour lui, la viguerie de Mauvezin et la seigneurie de Goudon en 1379.
A la mort de Febus, Mathieu de Castelbon recueille sa succession et rattache la viguerie de Mauvezin au Nébouzan en 1393. Il l’agrandira encore de la seigneurie de Sauveterre de Comminges qu’il possedait. Dès lors, la composition territoriale du Nébouzan est achevée. Il conservera sa forme jusqu’en 1789.
Le Nébouzan était un pays d’Etats depuis 1443. L’assemblée était composée des représentants :
- du clergé (l’abbé de Nizors qui présidait, les abbés de Bonnefont et de l’Escaladieu, le syndic du chapitre des chanoines de Saint-Gaudens),
- de la noblesse (8 barons dont ceux de la Roque, Ramefort et Rodets, 12 seigneurs et les capitaines des châteaux de Miramont, Mauvezin, Saint Plancard et Lannemezan),
- du tiers représenté par les consuls de Saint-Gaudens et des 57 autres communautés.
La première mention connue des Etats de Nébouzan remonte au 2 août 1448. Ils siégeaient au moins une fois par an pour décider de la perception de la Taille et des autres impôts demandés par le roi. Ils en discutaient le montant, des dégrèvements à obtenir en cas de ravages dus à la guerre ou de mauvaises récoltes, répartissaient ces impositions sur chaque communauté, et en assuraient la perception. Ils traitaient également des affaires locales et nommaient des fonctionnaires pour l’administration du Nébouzan.
Les Etats réussirent à maintenir les privilèges des communautés jusqu’à la Révolution de 1789.
Ils résistèrent aux agents du roi pour conserver leur privilège de « franc salé », c’est à dire qu’ils ne payaient pas d’impôt sur le sel, alors que le Comminges était de « petit salé » avec un taux réduit.
Ils obtinrent le droit d’association, c'est-à-dire que les communautés pouvaient constituer un syndicat pour défendre leurs intérêts à la condition qu’ils ne soient pas opposés à ceux du roi. En 1571, le syndicat de Frontignes fut créé pour demander une nouvelle répartition des impositions entre les communautés. Plus tard, la ligue campanaire fut créée pour s’avertir à coup de cloches de l’arrivée de troupes et s’entraider en cas de ravages.
Ils résistèrent encore contre les tentatives royales de supprimer les Etats pour les remplacer par des Elections tenues par des fonctionnaires royaux. François 1er essaya en 1511 puis en 1544. Henri II fit une tentative en 1552. Henri IV créa des Elections en 1603 mais il fallut les supprimer en 1611. Ce n’est qu’en 1622 que Louis XIII réussit à les imposer définitivement, condamnant les Etats à disparaître car ils n’avaient plus aucun pouvoir financier.